Sigmin "Ami des Elfes"

lol j'ai compris

je suis d'accord pour ton truc sigmin, fais-toi plaisir^^

merci ar', ton soutien c'est déjà ça ^^

le truc qu'est encore le plus simple, c'est de "promouvoir" mon escouade personnelle "élite" comme ça elle compte pour 10, mais je pense pas le faire maintenant, même s'ils en ont bavé, ils ont pas assez d'expérience (surtout Hanus, les seuls êtres vivants qu'il a tué, c'est des poissons)

edit: est-ce gênant si je poste la première partie de mon récit maintenant ? parce que j'ai 7 pages word en taille 9, et je suis pas encore parti d'Esgaroth ^^
j'attend vos réponses pour la poster demain (enfin plutôt aujourd'hui vu l'heure qu'il est ^^)

et voilà la première partie de ma mission libre (oh qu'elle va être longue)

Petits imprévus

Pas une seule fois durant le voyage Sigmin n’avait prononcé une parole, ce qui inquiétait son ami Filin, mais aussi Meran et Arafin. A chaque fois que l’un d’entre eux essaya de parler au nain, il prétexta que sa blessure le faisait souffrir et il retournait voir Heli. Au but de plusieurs tentatives de ce genre, les trois guerriers abandonnèrent et se réunirent entre eux pour partager leurs préoccupations à propos de l’officier.
« Sigmin commence à m’inquiéter, commença l’elfe.
-Moi aussi, répondit Filin et il refuse encore de parler. Et maintenant, il a prit son arc, sa cape et son armure de cuir, et il a rejoint Narin et Feran qui sont partis en éclaireur. A mon avis les derniers combats l’ont touché plus que physiquement, il n’a pas du supporter d’avoir perdu plus de trente soldats en deux jours.
-Je pense aussi, dit Meran. Il doit se sentir responsable, surtout avec le fait qu’il a été inconscient la plupart du temps, et que du coup il n’a rien pu faire pour empêcher ces morts.
-Hmm…je pense qu’il y a autre chose, proposa Filin en se caressant la barbe.
-Effectivement, cela parait évident maintenant, déclara l’officier elfe. Attendons d’être à Esgaroth, nous en reparlerons là-bas. Je pense qu’il faut le laisser tranquille d’ici là.
-Je suis d’accord avec ça, affirma Filin.
-Moi de même, répondit Meran. Alors c’est décidé, laissons Sigmin seul jusqu’à Esgaroth, je pense qu’il en a besoin. »
Sur ce, les deux nains et l’elfe se séparèrent et rejoignirent leurs soldats. Pendant les jours suivants, personne ne chercha donc à parler avec Sigmin, mais celui-ci ne se montra pas moins silencieux. A chaque pause il revenait dans le groupe, pour manger et se reposer, mais à chaque fois que la colonne se remettait en marche, il repartait –toujours en premier- devant en éclaireur. Ainsi il se dérobait aux autres nains et pouvait laisser libre cours à ses pensées, penser à son futur voyage ou à ses compagnons à qui il était arrivé quelque chose. Au fur et à mesure qu’il marchait, le visage de Munok se dessinait de plus en plus nettement dans la tête de Sigmin, et il était à présent certain que cela concernait son ami humain, à qui il pressentait d’avoir appris une importante nouvelle, mais aussi d’être blessé grièvement dans un combat face à des hommes barbus maniant de grandes épées. C’est cette dernière vision qui lui faisait penser que l’officier humain était en ce moment dans un des Fiefs gondoriens, mais aussi en grand danger, et qui avait forcé Sigmin à mettre en place ce voyage. Plus que les autres, Munok était important pour lui, pas seulement pour avoir combattu sous ses ordres et à ses côtés, ni pour avoir reçu de sa part une armure naine, une hache et un arc, tous magnifiques, mais parce qu’il doutait que cet orphelin rohirrim avait connu son propre père et qu’il l’avait croisé alors que Balin, son père Sigan et de nombreux autres nains faisaient route pour la Moria. Sigmin pensait donc que la hache qu’il maniait et l’armure qu’il portait au combat était l’œuvre de son père, forgeron de talent très réputé en Erebor. Mais cela faisait des années que le nain considérait son paternel comme mort, depuis que les nouvelles du décès de Balin et de l’échec de la reconquête de Khazad-Dum lui étaient parvenues. C’est aussi cette raison qui l’avait poussé à vouloir revoir Munok, pour en apprendre plus sur son père qu’il n’avait pas connu, seulement à travers ses créations, toutes plus magnifiques les unes que les autres : des haches aux lames gravées, des armures polies et des masques de guerre finement ouvragés. La première hache, que Sigmin avait reçu lors de son entrée dans l’armée, et qu’il avait toujours, était elle-même une œuvre de son père, et le nain y apportait un grand soin, la polissant et la nettoyant après chaque combat. Mais les pensées du nain revinrent rapidement vers Munok, et Sigmin se résolut encore une fois à le retrouver, alors qu’il arrivait en haut d’une colline et apercevait la ville d’Esgaroth sur le Long Lac.
Arafin observait une fois de plus son ami nain qui s’était arrêté en haut d’une colline que les deux compagnies commençaient à la gravir. Il se demandait à quoi pouvait penser Sigmin, mais ils avaient décidé, avec Meran et Filin, de le laisser, alors il respecterait son engagement. Son éloignement d’avec ses autres compagnons nains inquiétait l’elfe, mais on ne pouvait pas lui en vouloir, il devait sûrement se sentir coupable et voulait prendre un peu de recul par rapport à ça et aux regards que les autres nains auraient pu lui porter, alors que Gigan, Hemli, Lirin et les autres ne lui en voulaient pas du tout.
Les autres aussi avaient remarqué que leur commandant s’était éloigné, mais Meran et Filin leur avaient ordonné de ne pas lui parler, ce à quoi ils s’étaient tenus. Alors que la compagnie arrivait au sommet de la colline et que les premiers apercevaient Esgaroth, Sigmin s’éloignait une fois de plus et cette fois était la dernière où ses guerriers pouvaient le voir –excepté Arafin, Meran et Filin- car c’était ce soir que le nain mettait son plan à exécution, mais ça personne ne le savait.
Alors que la nuit tombait, il arriva le premier à l’entrée de la ville, qui était plutôt le début du long ponton en bois qui reliait la rive à la ville construite sur un promontoire de roche. Il traversa le pont et salua les gardes de faction, à la vraie entrée de la cité :
« Bien le bonsoir messieurs, savez-vous où je pourrais trouver le capitaine Hilidane ? »
Un des soldats lui répondit :
« Hilidane ? Allez jusqu'à la jetée ouest tout au bout de la ville, à l’heure là il doit être en train de réparer ses lignes.
-Merci bien soldats, d’ici une quinzaine de minutes vous verrez arriver une grande colonne de nains et d’elfes, si l’un d’entre eux demande de quel côté je suis parti, répondez lui simplement que c’est moi qui viendra le voir, s’il le faut. Ne leur dites pas où je suis allé.
-Comme vous voudrez, répondit le deuxième homme de service, interloqué. »
Mais le soldat ne posa pas de questions et laissa entrer le guerrier nain.
« Bienvenue à Esgaroth, maître nain, déclara le premier garde, faisant enfin preuve de politesse.
-Merci soldat. Les portes restent ouvertes toute la nuit ?
-On les ferme mais si vous voulez sortir il n’y aura pas de problème, pour entrer, par contre, il vaudra l’autorisation du chef de la garnison.
-Ne vous inquiétez pas pour ça, je pense que je ne ferais que sortir. »

Sur ce, Sigmin passa les portes et entra à proprement parler dans la ville. Esgaroth avait été plusieurs fois détruite, mais à chaque fois reconstruite, la dernière attaque en date était celle du dragon Smaug, dont le corps reposait maintenant au fond du lac. La ville, vivant principalement du commerce avec les elfes sylvestres et les nains d’Erebor, était rapidement devenue un carrefour incontestable pour les voyageurs et les marchandises. La population, principalement composée d’hommes de Rhovanion, descendants des rohirrims, mais qui avait décidé de rester dans la région, ou de gens de Dale, ville située à proximité, accueillait aussi quelques nains, comme Hanus et ses anciens compagnons marins, mais aussi, plus rare, quelques hommes de l’Est, au teint plus sombre, qui s’était intégré tant bien que mal. Aucun elfe ne vivait ici, mais on pouvait tout de même en voir qui s’occupaient du commerce fluvial reliant la ville à la capitale elfe et qui entretenaient des relations amicales avec les habitants de cette cité centenaire.
Depuis quelques temps des orques et des gobelins avaient été aperçus sur les berges du Long Lac, et ceux qui avaient osé s’aventurer trop près de la ville avaient été repoussés facilement. Mais le chef de la ville redoutait une attaque en force, et la destruction du pont deviendrait nécessaire en cas de réelle offensive. Les effectifs de la garnison étaient plutôt réduits, c’est pourquoi il avait été soulagé d’apprendre par ses sentinelles qu’une forte compagnie d’elfes et de nains arrivait dans la ville. Ainsi Esgaroth serait mieux défendue pendant les jours suivants, et s’ils retournaient en Erebor, le chef comptait parler aux nains et leur demander si le roi Daïn pouvait envoyer une troupe de soldats pour renforcer la milice.
Alors qu’il pensait à cette solution pour la défense de la ville, le chef aperçut un ranger nain traverser seul la rue pour se rendre sur les quais. Sûrement que la colonne était déjà arrivée et que les troupes s’étaient dispersées dans Esgaroth à la recherche d’un endroit pour passer la nuit.
C’était presque la vérité puisque les deux compagnies étaient arrivées mais le nain que le chef avait vu était évidemment Sigmin qui était maintenant arrivé sur les quais, et il cherchait du regard le capitaine Hilidane. Il aperçut l’homme qui réalisait quelques travaux sur son voilier, et il se dirigea aussitôt vers lui.
« Capitaine Hilidane, l’accosta-t-il.
-Ah, maître nain, vous voilà. J’ai fait ce que vous m’aviez demandé.
-Tout est prêt ?
-Oui, le poney et les provisions sont dans mon entrepôt. Je n’attendais plus que vous.
-Bien, merci. Je dois d’abord retrouver mes compagnons pour leur faire mes adieux.
-Ils sont à Esgaroth ? demanda l’homme.
-Oui, ils viennent d’arriver, mais je ne sais pas où ils vont loger, vous pouvez m’aider ?
-Il y a une caserne pour la garnison, suffisamment grande pour accueillir une partie de vos troupes. S’il faut d’autres places, l’auberge et l’entrepôt à côté seront nécessaires.
-Les officiers ont-ils un logement particulier ?
-Si vous cherchez des officiers, alors c’est à la caserne que vous les trouverez.
-Pouvez-vous m’y conduire ?
-Bien entendu, suivez-moi. »
Le capitaine sauta de son navire sur les quais et passa dans une rue étroite qui menait dans le centre de la ville. Sigmin le suivit, avec une certaine appréhension quant à l’annonce de son départ à ses proches amis. Il redoutait plus que tout ce moment où il devrait annoncer à Filin, Meran, Narin, Feran et bien entendu à Arafin qu’il les quittait pour un bon moment, voire pour toujours. Alors qu’ils traversaient une rue sombre, Hilidane et Sigmin s’immobilisèrent : des personnes approchaient. Le nain et l’homme se cachèrent entre deux maisons et observèrent le groupe qui passait dans la rue devant eux : l’officier reconnut aussitôt Arafin, Meran et Filin et il se cacha un peu mieux. Les trois guerriers semblaient seuls et Hilidane, qui avait remarqué les gestes du nain, dit à Sigmin :
« Si c’est à eux que vous devez parler, il serait plus simple de le faire maintenant. Une fois à la caserne, ils seront plus difficile à approcher et il me semble que vous ne souhaitez pas voir d’autres personnes. »
Le nain rumina dans sa barbe puis dit au marin :
« Bien, allez les chercher, je vous attends ici.
-Non, allez plutôt nous attendre chez moi. Retournez sur les quais, vous verrez une maison basse aux volets bleus et rouges. La porte est ouverte, vous pourrez vous installer. Je vous rejoindrai chez moi avec vos amis, nous serons plus tranquilles pour discuter, lui dit le capitaine. »
Alors que Sigmin s’éloignait vers le port, l’homme s’élança vers les guerriers et les héla :
« Eh, maîtres nains et elfe ! »
Se retournant, Meran reconnut le marin :
« Capitaine Hilidane, content de vous revoir !
-Moi de même, sergent. »
Se tournant vers Filin, il s’inclina :
« Sergent Filin, heureux de vous savoir en vie. »
Le sous-officier s’inclina à son tour et le remercia.
Meran lui présenta l’elfe :
« Voici le sergent-chef Arafin, ami de Sigmin, et qui nous a sauvé plusieurs fois dans les derniers jours. Maître elfe, voici le capitaine Hilidane qui, avec ses voiliers, vint à nôtre secours sur les berges du Long Lac. »
L’elfe et l’homme se saluèrent, le marin leur dit à tous :
« Quelqu’un voudrait vous parler, un ami qui souhaiterait vous annoncer quelque chose.
-Sigmin ? Vous savez où il est ?
-Ne vous inquiétez pas, il va bien, vous allez bientôt le voir.
-N’en dites pas plus, conduisez-nous à lui ! demanda Arafin.
-Suivez-moi maîtres nains et elfe, leur dit Hilidane. »
Le capitaine de navire s’engagea dans une ruelle, suivi de près par Meran, Filin et Arafin. Cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent devant la demeure de l’homme, qui tourna la poignée et poussa la porte. La pièce était peu éclairée, mais le marin les guida avec aisance jusqu’au salon. Alors ils virent Sigmin. Le sergent-chef était installé dans un vieux banc en bois recouvert de tissus, et tenait à la main un verre rempli d’un alcool quelconque. Il releva la tête quand les quatre personnes entrèrent :
« Sigmin, qu’y a-t-il ? s’inquiéta Filin.
-Je me suis permis de me servir, dit l’officier à Hilidane, en levant le verre, sans un regard pour les autres. »
L’intéressé leva la main pour dire que c’était sans importance. Puis il invita les guerriers à prendre place sur les autres chaises de la pièce.
Sans les regarder, le sergent-chef annonça tout de go :
« Je dois partir. Ne dites rien, je vais tout vous expliquer. Ces derniers jours, si je vous ai paru distant, c’est parce que quelque chose occupait –et occupe toujours- mes pensées. En un mot : Munok. C’est l’homme avec qui nous avons combattu, et lui qui m’a offert mon armure lourde, ma hache à deux mains et mon arc. Pour moi, quelque chose lui est arrivée. C’est une des raisons qui m’a poussé à prévoir un voyage pour le Gondor, là où il m’avait dit qu’il allait, la dernière fois que l’on s’est vu. Mais il y a une deuxième raison : ces présents qu’il m’a fait, seul un grand ami des nains aurait pu entrer en leur possession, ou bien un tueur chevronné. Etant sûr qu’il n’est pas un tueur de nains, je pense que ces armes sont également des présents qu’on lui a fait. Et je soupçonne que ce donateur est mon propre père : Sigan, forgeron d’Erebor, parti pour Khazad-Dum lors de l’expédition de Balin. Expédition dont il n’est jamais revenu, ni aucun autre nain d’ailleurs. J’ai reconnu la signature de mon père sur le casque. Je suppose donc que Munok a rencontré mon père. Son âge et son histoire ne donne qu’une seule possibilité: la rencontre s’est faite lors du voyage de l’expédition pour la Moria. Voilà la deuxième raison, qui m’a amené à me poser beaucoup de questions, notamment pourquoi lui avoir offert quelques unes de ses créations. C’est pourquoi il faut que je parte vers le sud, je dois retrouver Munok, pour lui poser toutes ces questions. »
Sans voix devant le récit de son supérieur, Meran ne dit rien, tout comme Arafin et Hilidane. Convaincu qu’il pouvait encore persuader Sigmin de rester avec eux, Filin tenta sa chance :
« Chef, vous ne pouvez pas partir ! Que vont faire vos soldats sans vous ?
-Malheureusement, je ne peux les emmener, cela est contraire aux ordres que nous avons reçu de Daïn : les soldats doivent rentrer à la Montagne pour finir la mission qui nous a été confié. Ce sera à vous, Filin et Meran, de l’annoncer au roi. Le plus simple pour ne pas vous causer d’ennuis, à vous et aux elfes, mais aussi à moi, c’est de me faire passer pour mort: dites à notre roi que je suis tombé au combat, lors de l’embuscade sur les berges du Long Lac. Annoncez ceci aux soldats : une de mes blessures s’est infectée, et j’en suis mort. Expliquez-leur que le roi doit penser que je suis mort au combat, ce sera plus simple. Il n’aura pas de mal à croire à ça, même nos propres soldats ont cru que j’étais mort.
- Vous faire passer pour mort ? Mais vous imaginez ce que vont ressentir les guerriers ? Si on leur annonce que vous êtes décédé, ils vont sombrer dans la dépression. En disant ça, je pense à Gigan et ses gardes, eux qui ont eu pour charge de vous protéger au combat, ils vous voient mourir d’une plaie infectée. Mais Hemli, Narin et Feran seront encore plus affectés. Nous nous connaissons depuis plusieurs dizaines d’années, ils ne supporteront pas ça.
-Eh bien, dans ce cas, mettez-les dans la confidence, mais seulement eux trois : peu de personnes doivent savoir que je suis en vie, c’est pourquoi je dois partir le plus vite possible. Cette nuit si possible, demain matin au plus tard. Vous comprendrez que je ne peux revoir les autres, à vous de leur annoncer la nouvelle.
-Nous ne pouvons vous laisser partir seul dans le Sud, déclara Meran. La Forêt Noire est grande, et encore plus grand sont les dangers qui l’habitent. Même si le Nécr…même si le Grand Ennemi en a été chassé, les elfes de Mirkwood peinent à en chasser ses créatures. Elles s’attaqueront sans hésiter à un voyageur solitaire. »
Comme pour confirmer ces dires, Arafin hocha brièvement de la tête.
« C’est exact. Nous en avions parlés lors de notre première rencontre, mais à ce moment-là, je ne savais pas que l’Esprit avait été chassé de son repaire. Le fait que ses serviteurs soient restés montre qu’il n’a pas été entièrement vaincu, de ce fait les orques et autres créatures continuent leurs intrusions dans notre royaume. Votre voyage sera trop dangereux, seul, vous n’avez que peu de chance de dépasser la Forêt Noire. »
Sigmin ruminait dans sa barbe, contrarié par les paroles d’Arafin. Fallait-il courir ce risque ? Pour son père, oui. Pour Munok aussi.
Voyant l’embarras du nain, Hilidane déclara :
« Messieurs, je ne voudrais pas vous mettre à la porte, mais malheureusement il est temps de se quitter. Il me semble que la décision de votre ami est prise. Le laisser se reposer et vous revoir à l’heure du départ me parait la meilleure solution. »
La personne concernée ne dit rien, alors que Arafin, Filin et Meran quittait la demeure du marin. Une fois seuls, l’homme lui dit :
« Je ne me mêlerais pas de vos affaires en vous disant quoi faire, mais je peux au moins vous conseiller de vous reposer. Je vous réveillerai une heure avant l’aube, je me suis arrangé avec les gardiens pour qu’il vous laisse passer.
-Merci capitaine Hilidane. Bonne nuit. »
Sur ce, l’homme rejoignit la pièce d’à côté, qui devait être sa chambre, et en revint avec des couvertures.
« Voici tout ce que j’ai pour vous. J’aurais aimé vous offrir plus, hélas le produit de ma pêche ne me perme pas d’avoir un vrai lit, même pas pour moi.
-Ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai dormi dans des endroits bien pire. »
Hilidane retourna dans la pièce, mais cette fois pour se coucher. Sigmin ne tarda pas à s’endormir, fatigué par sa journée de marche et sa récente conversation.

Le lendemain, comme promis, l’homme vint le réveiller une heure avant l’aube. Il lui offrit de quoi déjeuner, ne mangea rien –prétextant qu’il était réveillé depuis un bon bout de temps et qu’il avait déjà mangé-, le laissa s’équiper, prit lui-même une part de l’équipement de Sigmin (le nain avait enfilé sa tenue de ranger, prit son carquois et son arc long, ainsi que sa hache à une main, cadeau de son père, mais il lui restait l’arc long doré, l’armure lourde, la cotte de Mithril, le casque et le masque de guerre, la lourde hache à deux mains, et sa paire de gants, c’est pourquoi Hilidane l’aidait) puis il sortit et conduisit le sergent-chef jusqu’à l’entrepôt où il devait récupérer les poneys et les provisions. Sigmin, ne connaissant pas la ville d’Esgaroth, fit confiance à l’homme pour le guider, mais quand ils arrivèrent devant une grande bâtisse gardée par plusieurs soldats, il se douta de quelque chose :
« Où m’avait vous emmené ? demanda-t-il »
« Le Maître vous attend » fut la seule chose dont il put tirer du marin. Le poussant à peine pour qu’il entre dans la bâtisse, il resta à l’entrée en regardant le nain d’un air confiant. Mis mal à l’aise par cette phrase, Sigmin regarda autour de lui : il était dans une cour intérieure, à l’abri sous le préau qui entourait le jardin et fournissait une promenade aux occupants. Intrigué par cette architecture, il s’avança dans la cour pour en observer les principales caractéristiques, mais on ne lui en laissa pas le temps : un homme vint à sa rencontre, et lui dit la même phrase qu’Hilidane : « Le Maître vous attend ». L’invitant d’un geste à le suivre, l’homme sortit de la cour, rentra dans l’aile ouest du bâtiment, puis monta un escalier. Arrivé en haut, il indiqua un couloir, et au bout une porte.
« Le Maître vous attend » répéta-t-il.
Sigmin, ne se faisant pas prier, prit la direction de la porte. Conscient que « le Maître » était une personne importante, il remis de l’ordre dans sa barbe et ses cheveux (si cela est possible pour un nain), réajusta sa cape et vérifia que son plastron en cuir n’avait aucun faux pli (chose absurde, mais le stress du nain était suffisamment important pour ces gestes). Il posa la main sur la poignée, la baissa, poussa la porte et entra.
Surpris fut la première chose qu’il ressentit. Et il y avait de quoi être surpris. Il s’attendait à rencontrer seul « le Maître » et discuter, peut-être au sujet des nains et des elfes qui stationnaient à Esgaroth. C’était en partie vraie : il avait en face de lui l’homme qui se faisait appeler « le Maître », grand, environ cinquante ans, il avait les cheveux grisonnants et une barbe bien fournie de même couleur. Vêtu d’une tunique de couleur bordeaux tenue en place par une ceinture, et de bas blancs, il se tenait debout, en face de Sigmin. Mais ce fut pas ce qui surpris le plus le nain, car autour de l’homme, il y a avait six autres nains –Meran, Filin et quatre qu’il ne connaissait pas- mais aussi Arafin et un autre homme aux cheveux noirs et à la barbe hirsute.
« Mais qu’est-ce que je fais là ? » fut la première chose que le sergent-chef se demanda. Le Maître l’invita à s’asseoir sur un siège à sa taille, et pria les autres de faire de même. Voyant l’étonnement du nouvel arrivant, il pris la parole :
« Sergent-chef Sigmin, je suis le Maître de cette ville, et vous souhaite la bienvenue. Je vous présente deux officiers du même rang que vous, Magan et Nosil, ainsi que les sergents Lignar et Vignus. L’homme que vous voyez ici est le caporal Damna de Dale. Je crois que vous connaissez déjà l’elfe Arafin de la Forêt Noire, et voici vos compagnons Meran et Filin. Je vous vois surpris, c’est pourquoi je vais vous donner quelques explications sur la situation, qui a bien changé depuis hier. Au moment où je vous parle, près de cent cinquante guerriers nains s’installent dans les entrepôts encore libres de ma ville. Cinquante vont rester ici en tant que renforts pour la garnison, mais le reste, je crois savoir, vous est destiné. J’ai aussi pris connaissance de vos plans de départ avec Hilidane, mais je crois que vous ne lui en voudrez pas de m’en avoir parler. Je préfère maintenant laisser la parole au sergent-chef Magan, responsable des renforts en provenance d’Erebor.
-Merci, dit l’officier, en se tournant vers Sigmin. Effectivement, des troupes naines sont arrivées cette nuit en ville, Nosil et moi à leur tête, mais la plupart des soldats repartiront, et cette fois c’est vous qui les mènerez. Nôtre bon roi Daïn (que Mahal le protège et guide sa hache dans la bataille) a en effet décidé de répondre favorablement à une requête qu’il a reçut il y a quelques jours. Le message était une demande d’aide de la part de l’Intendant du Gondor, Denethor. Il nous a informé qu’une faction dissidente au Gondor, mais aussi à Sauron, s’était formée, et qu’elle avait pris une ancienne forteresse gondorienne des mains des orques pour s’en faire le lieu principal de sa rébellion. Nous savons, toujours par le biais de l’Intendant, que ces dissidents seraient conduits par Alkin, ancien chevalier de Dol Amroth, et ses chevaliers noirs, eux aussi anciens soldats d’Amroth. Bien sûr, notre aide n’aurait pas été requis si Alkin n’avait compté dans ses rangs que ses anciens compagnons d’armes. Il semblerait que plusieurs chefs rebelles haradrims se sont ralliés à sa cause et lui ont prêté serment. Ainsi les opposants à Sauron viennent grossir leurs rangs, éprouvant encore une haine profonde envers le peuple gondorien. C’est pourquoi l’Intendant demande assistance, et je crois savoir que les Elfes de Mirkwood, de Lorien et de Fondcombe ont eux aussi été sollicités. »
Disant cela, il se tourna vers Arafin, qui acquiesça doucement de la tête. Prenant enfin la parole, Sigmin dit à son homologue :
« Je ne vois toujours pas en quoi je suis concerné.
-Eh bien, reprit Magan. C’est que c’est vous qui avait été choisi pour mener les renforts jusqu’en Gondor.
-Moi ? Mais il me reste à peine vingt soldats ?
-C’est pourquoi autant de nains sont arrivés à Esgaroth, ceux qui ne resteront pas en garnison ici seront placés sous vos ordres.
-Je suis très honoré d’avoir été choisi pour cela, mais justement, pourquoi moi ? A vrai dire, ma dernière mission a plutôt été un fiasco : plus de la moitié de mes soldats sont morts, et je n’ai toujours pas apporté la réponse du seigneur Thranduil à notre roi.
-Ne vous inquiétez pas pour cela : Radagast le Brun a décidé de rendre visite à Daïn. Il en a profité pour donner la réponse de Thranduil, et pour raconter ce qui vous était arrivé sur les berges du Long Lac.
-Il a donné la réponse de Thranduil ? s’étonna Sigmin. Je ne lui ai même pas donné à lui.
-Les Magiciens sont imprévisibles, vous le savez bien. Il ne connaissait pas la réelle réponse, mais il a annoncé que le roi des elfes était favorable au retour des échanges entre nains d’Erebor et elfes de Mirkwood. Etait-ce la réponse que Thranduil avait donnée ? »
Dans un soulagement, Sigmin acquiesça.
« Après son récit, Daïn a décidé de vous confier les renforts et d’envoyer une compagnie de guerriers pour aider Esgaroth. C’est cette compagnie que le sergent-chef Nosil dirige. »
L’intéressé acquiesça lui aussi, puis Magan reprit :
« Les sergents Lignar et Vignus seront sous vos ordres, ainsi que le caporal Damna de Dale. En voyant la colonne de guerriers passait, Dale envoya ses soldats pour honorer une vieille alliance avec le Gondor. Malheureusement ils ne sont pas nombreux. »
A ces mots, l’homme se leva et annonça :
« Peu nombreux peut-être, mais nous nous battrons avec vaillance et courage, nous n’abandonnerons pas nos alliés, qu’ils soient nains, hommes ou elfes.
-Je vous en remercie d’avance caporal, salua Magan. Je crois savoir que les elfes de la Forêt Noire envoient eux aussi des renforts, en la présence d’Arafin ici présent, et de ses guerriers.
-Oui, maître nain. Et je vois déjà que Sigmin se réjouit à l’idée de voyager avec moi. Et je lui en suis reconnaissant. Je suis moi-même très honoré de partir avec vous pour secourir le Gondor. »
Effectivement, Sigmin retrouvait le sourire. L’étonnement avait laissé sa place à la joie, celle d’aller dans le Sud en compagnie d’Arafin.
« Je crois avoir tout dit, termina Magan. »
Puis, se tournant vers le Maître :
« Si je peux me permettre, nous devons vous laisser, nous avons un long voyage à préparer ! »

Sur ce, tout le monde se leva et s’inclina, puis les nains sortirent de la pièce, accompagnés d’Arafin et Damna. Seul le Maître resta dans la pièce. Tout en se dirigeant vers la sortie, Magan conversait avec Sigmin :
« Maintenant, Sigmin, je dois vous montrer vos nouvelles troupes. Elles sont prêtes à partir. Mais avant, je crois que vous devriez rejoindre vos compagnons et leur annoncer la nouvelle du départ. Je vous attendrai à la sortie de la ville. »
Les nains se séparèrent à la sortie du bâtiment, Sigmin, Filin et Meran vers la caserne, Damna, Lignar et Vignus suivirent Magan jusqu’à la sortie de la ville, Arafin quant à lui rejoignit ses guerriers et leur donna lui aussi rendez-vous aux portes de la cité.
« Eh bien, cela me fait chaud au cœur de savoir que notre roi Daïn me fait encore pleinement confiance ! annonça Sigmin.
-Et moi, cela me fait chaud au cœur de vous voir ainsi ! répondit Filin.
-Avez-vous annoncé ma « mort » aux soldats ? demanda le sergent-chef.
-Non, heureusement d’ailleurs, cela leur aurait fait un choc de vous revoir, ressuscité d’entre les morts après avoir succombé à une plaie infectée, dit Meran.
-J’avoue que cette mort n’est pas très glorieuse. Je suis bien content que les autres ne soient pas au courant. D’ailleurs, ce n’est pas non plus la peine de leur révéler mes anciens projets de départ. C’est de l’histoire ancienne, ça n’aurait fait que les inquiéter. Hilidane était au courant alors ? L’arrivée des renforts,…
-Oui, en fait nous avons été prévenus car le Maître ignorait votre existence. On a ensuite prévenu Hilidane pour qu’il vous emmène chez le Maître au lieu de la sortie de la ville.
-Pourquoi appelez vous « le Maître » le chef de cette ville ? demanda Sigmin. Il n’a pas d’autres noms ?
-C’est comme ça qu’on appelle le chef de la ville justement, « le Maître ».
-ça a un rapport avec la façon dont il dirige Esgaroth ? s’enquit le sergent-chef.
-Non, pas du tout. Enfin je ne pense pas. Ce n’est pas un tyran, il est élu par les habitants, et ma foi, il a l’air d’être un bon « Maître », expliqua Filin.
-Oui, à moi aussi il m’a fait bonne impression, rajouta Meran. »
Alors qu’il conversait, les trois nains arrivèrent à la caserne. Les deux gardes, reconnaissant les sous-officiers, les laissèrent passer sans dire un mot. Un d’eux, pourtant, leur adressa la parole :
« Eh bien, maître nain, vous avez annulé votre escapade nocturne ? »
C’était le garde que Sigmin avait rencontré lors de son arrivée en ville. Il avait changé d’affectation et s’était retrouvé à surveiller la caserne.
« Oui, la prochaine fois que je franchirais ces portes, ce sera en plein jour et aux yeux de tous ! lui lança le nain. »
Amusé, le garde s’inclina devant le guerrier, et celui-ci lui rendit son salut. Puis il entra, suivant Meran et Filin qui le guidèrent jusqu’aux dortoirs.
« Ah, je dois vous prévenir, lui dit Meran. Magan, c’est mon frère.
-Tant que cela n’interfère pas notre mission. Vous vous entendez bien au moins ?
-Oui bien sûr. Ne vous inquiétez pas pour cela. Magan jubilait quand il fut nommé sergent-chef. J’ai dû le supporter pendant quelques temps, mais ma nomination pour vous rejoindre arriva à point nommé pour me sauver de ses sarcasmes.
-Eh bien, il jubilera plus, quand il apprendra que vous aussi êtes promu sergent-chef. »
Se retournant vers son supérieur, Meran le dévisagea.
-Est-ce vrai ?
-Oui, je ne plaisante pas avec cela. J’ai une certaine liberté quand aux grades de mes soldats. Filin, je te sens déçu : ne le sois pas, je te réserve autre chose. Mais nous devons d’abord parler avec les autres. »
Son ami de toujours lui fit savoir qu’il n’était pas déçu, et que tant qu’il pouvait se battre à ses côtés, cela lui suffirait amplement. Rassuré de l’attitude du sergent, Sigmin arriva enfin aux dortoirs : y étaient regroupés les survivants de sa compagnie, dix sept nains, et Hanus, fils de Rognus, que l’officier avait accepté de prendre comme aide de camp. A son arrivée, ceux qui ne dormaient pas, et qui le pouvaient, se levèrent et le saluèrent. Sigmin les salua, puis vint les voir personnellement, ceux qui se reposaient furent réveillés alors que leur supérieur passait entre les lits pour prendre des nouvelles de chacun : tous étaient remis dans leurs précédentes batailles. Il remarqua alors qu’ils n’étaient pas nombreux, et se souvint pourquoi il n’y avait aucun blessé : ceux qui l’étaient avaient été tués lors de l’attaque des orques dans la caverne. Arrivé à la fin de la rangée, il se retrouva devant les rescapés des rangers : Hemli, Narin et Feran. Avec Filin, cela faisait quatre. Quatre, quatre rangers étaient sortis vivants des combats dans les bois face aux semi-trolls. Sigmin n’avait pu prévoir que l’ordre qu’il avait donné conduirait autant de nains à la mort. Il se souvint de Figan faisant face à trois de ces créatures. Attaquant un de ses assaillants, il avait été aussitôt frappé par ses deux autres adversaires, puis tué. Le sergent-chef avait décidé de regrouper ces vétérans dans une escouade qui combattrait à ses côtés. En feraient partie les trois rangers, plus Filin et Hanus, qu’il comptait entraîner et former aux techniques de combat des nains en général et des rangers en particulier. Sigmin leur fit part de cette nouvelle alors qu’il s’informait de leur état de santé, et les intéressés furent très heureux d’apprendre qu’ils n’étaient pas écartés de la compagnie. Filin, qui était avec eux, fut soulagé de savoir que ce que lui réservait son supérieur était une bonne chose. Hanus entendit aussi l’annonce et s’en réjouit.
Puis Sigmin annonça à tous qu’ils devaient se préparer à partir. Mais cette fois, c’était les hommes qu’ils allaient voir : leur destination était le Gondor, où ils livreraient bataille contre des rebelles. Les nains accueillirent la nouvelle avec enthousiasme, ils levèrent leur hache en criant : Baruk Khazâd ! Khazâd ai-mênu ! Ravi de voir ses soldats ainsi, Sigmin leur donna deux heures pour se préparer, lui en profiterait pour récupérer ses affaires chez Hilidane.
Il trouva l’homme à la sortie de la caserne, tenant par la bride deux poneys chargés de l’équipement du nain et de provisions pour plusieurs semaines de voyage.
« Ah, Hilidane, j’allais justement vous chercher pour récupérer mes affaires. Je suis désolé d’avoir du vous solliciter pour rien. Je n’aurais pas besoin des montures et des vivres, je ne pars plus seul maintenant !
-ça je le savais, mais faites moi plaisir : prenez-les quand même, dit-il en désignant les poneys. Ils ne me seront d’aucune utilité : je suis marin, ma monture est mon voilier. »
Ne sachant quoi dire, Sigmin répondit simplement :
« Je vous les rembourserai un jour. »
Il prit ensuite les brides des deux poneys, et les conduisit à l’intérieur de la caserne pour les attacher. Il retourna à l’extérieur pour voir Hilidane, mais celui-ci avait disparu. Il lui avait toutefois laissé un mot qu’un garde lui donna : « Peut-être qu’un jour nous nous reverrons, mais ce jour-là ce sera sur un champ de bataille. Je sens que la vie de pêcheur me lassera bientôt. »
Le nain rangea le papier dans sa tunique, puis rentra voir Filin et Meran :
« Mes amis, je crois qu’un moment de détente nous ferait du bien. Que diriez-vous d’aller tirer quelques bouffées au bord de l’eau. »
Ses deux compagnons acceptèrent et le suivirent jusqu’au nord de la ville. Ils s’installèrent sur un ponton et sortirent leur pipe et leurs feuilles.
« Je ne vous ai jamais demandé, quelle herbe fumez-vous ?
-Du Vieux Tobie de la Comté, répondirent les deux nains.
-Ah, une des meilleures herbes à pipe. Ces Semi-Hommes savent s’y faire avec ces plantes. »
Les trois nains commencèrent à fumer, tout en contemplant le paysage qui s’offrait à eux : la Montagne Solitaire.

(comme je ne me sens pas capable de décrire un tel paysage, et que les images parlent mieux que les mots, voici un petit lien
http://www.tolkiendil.com/_media/telechargements/fonds/deelle/dle01_1024_768.jpg

Deuxième Partie: Un long voyage...

Alors que le soleil se levait dans le ciel, Sigmin et ses officiers se rendirent à la sortie de la ville, suivis de leurs soldats. Ils traversèrent la porte sous les encouragements des sentinelles et retrouvèrent Magan, Lignar, Vignus et Damna, ainsi que Arafin qui attendait un peu plus loin. Environ cent-cinquante guerriers nains, elfes et hommes attendaient là, et quand ils le virent arriver, tous les soldats d’Erebor s’alignèrent et se tournèrent vers leur commandant pour le saluer. Celui-ci était très impressionné et se réjouissait à l’idée que Daïn lui ait renouvelé sa confiance. Arriva alors Magan qui lui posa une main sur l’épaule et lui dit à l’oreille :
« Au fait, félicitations capitaine.
Sigmin se retourna pour regarder son compagnon.
-Vous plaisantez ?
-Je ne plaisante pas avec cela, lui répondit Magan.
-Le Magicien aurait-il encore usé de ses pouvoirs ? demanda le nouveau capitaine.
-Radagast le Brun n’a rien avoir avec ceci, c’est entièrement grâce à vos actions que vous avez été promu, intervint Arafin, qui s’était rapproché.
-Eh bien cela me réconforte, se dire que les évènements passés n’ont pas fait de moi un mauvais officier.
-Je crois que les évènements futurs feront de vous un meilleur officier, lui dit l’elfe. »
Sigmin le remercia de ce compliment, puis se tourna vers Magan :
« J’ai moi-même accordé le grade de sergent-chef à votre frère Meran. »
Derrière lui, le nain concerné souriait devant la mine déconfite de son aîné. Celui-ci allait réagir, mais le capitaine l’en empêcha :
« J’aimerais que vous me présentiez les soldats. Si j’ai bien compris, ils sont tous à mes ordres et le resteront après la bataille. »
Magan acquiesça, puis ils remontèrent la colonne de guerriers alors qu’il indiquait à son supérieur les troupes dont il disposait :
« Voici les soldats que je commanderai moi-même, secondé par les caporaux Vesil et Ronus. Vingt guerriers avec armure lourde et bouclier. Puis les archers du sergent Vignus et du caporal Vefur. Vingt aussi, armure lourde et arc. Ensuite nous avons les hommes du caporal Damna. Dix avec armure et pique, tous originaires de Dale. Nous avons aussi quinze autres guerriers avec armure lourde et bouclier, qui rejoindront les guerriers de mon frère, et pour finir deux escouades de rangers aux ordres du sergent Lignar et du caporal Vilin. Il semblerait que Daïn ait eu un rapport complet sur vos pertes et blessés, car il aussi envoyé deux gardes Khazad, et les archers ne sont que dix-neuf. Il vous manque donc deux gardes et il vous reste un archer, c’est ça ?
-Oui, répondit Sigmin. Avec l’escouade de Gigan, celle de Meran et la mienne, il me semble que nous avons dépassé les cent guerriers. »
Magan confirma.
« Pour les combats futurs, et vu que nous avons deux sergents-chefs, nous séparerons la troupe en deux : le premier groupe sera commandé par votre frère, avec ses vingt guerriers, les gardes Khazad et les rangers. Le deuxième sera sous vos ordres, vos propres guerriers, les archers et les piquiers.
-Les piquiers nous quitteront après la bataille, lui indiqua Magan.
-Nous verrons ça une fois cette bataille terminée. Si nous sommes encore vivants, répondit Sigmin. »
Les guerriers de Meran et de Gigan rejoignirent la colonne, Lirin, le dernier archer, rejoignit la première escouade d’archers. Sigmin rejoignit Arafin qui était retourné à la tête de ses troupes.
« Pour une fois, je suis presque content d’aller me battre, lui dit le nain.
-Presque content ? s’étonna l’elfe.
-Oui. Si cette citadelle n’était pas en Harondor, je serais content de me battre.
-Effectivement, la distance à parcourir n’est pas négligeable.
-Espérons que nous aurons le temps de nous reposer avant de combattre, ce voyage n’aura rien d’une promenade de santé.
-Je ne pense pas non plus. Mais le meilleur moyen de le savoir est d’essayer ! Il est l’heure de partir, nos alliés nous attendent !
-J’espère qu’ils nous attendent pas pour demain, sinon on aura du retard ! »
Arafin ria de bon cœur, puis ordonna le départ de ses troupes. Sigmin fit de même, et tous les guerriers s’élancèrent. Les deux officiers s’étaient mis d’accord, et la coopération elfes-nains se poursuivait même dans l’organisation de la colonne : les nains, mieux protégés, voyageaient sur les flancs, protégeant ainsi les elfes sans armure. En échange, les êtres sylvestres faisaient fonction d’éclaireur pour le groupe, leur habitude au déplacement furtif était très appréciée des nains, dont les armures de grandes qualités étaient populaires chez les elfes.
Pendant plusieurs heures ils marchèrent au rythme des nains, c’est-à-dire plus lentement que l’allure habituelle des guerriers de Mirkwood, et ils suivirent la Vieille Route de la Forêt, Men-i-Naugrim, en direction de l’ouest. Sortis des bois, ils la suivirent jusqu’à rejoindre l’Anduin, puis virèrent vers le sud en suivant la route le long du Grand Fleuve. Deux jours plus tard, alors qu’ils dépassaient le lieu où la Rivière aux Iris se jetait dans l’Anduin, Arafin déclara à Sigmin :
« Désolé de vous dire ça, maître nain, mais nous avançons trop lentement. Nous risquons de rater le rendez-vous avec les autres commandants, et même si je ne voudrais pas vous quitter, je crois que la meilleure solution est que je parte devant avec mes guerriers, et que votre compagnie continue toute seule. Cela me chagrine de vous dire ça, j’en suis désolé.
-Je comprends Arafin, et j’accepte votre proposition. Mais je crois que je peux pallier à vôtre chagrin : j’ai deux poneys, et mes quatre rangers vétérans sont capables de tenir la distance. Je vous accompagnerais avec ces guerriers, si bien sûr, vous acceptez ?
-Cela me réjouit de vous avoir à mes côtés, même avec quatre soldats, ce n’est pas un problème du tout. »
Les deux officiers, après avoir conclu sur le sujet, se séparèrent à nouveau : Sigmin rejoignit Meran et Magan, et leur expliqua la situation. Eux aussi acceptèrent la proposition, même si Magan eut le sentiment que les elfes voulaient se débarrasser d’eux (cela, il n’en fit pas mention à son supérieur). Puis le capitaine appela Filin, Hemli, Narin, Feran et Hanus, et les convia à le rejoindre à la tête de la colonne des elfes, qui se formait déjà sur le côté de celle des nains. Ces derniers furent mis au courant, tous se conformèrent à ce changement de programme, bien que quitter leur officier à nouveau les inquiétait quelques peu.

A nouveau, tous se remirent en marche, mais les elfes, accompagnés de Sigmin et ses vétérans, s’éloignèrent rapidement du contingent nain, maintenant commandé par Meran et Magan. Le voyage reprit de plus belle, et nous allons laisser là l’effectif principal des nains pour se « concentrer » sur Sigmin et les elfes.
Là, le voyage dura deux jours, et les guerriers dépassèrent la Lorien à l’ouest, pour arriver dans les Terres Brunes, à l’est de l’Anduin, juste avant les Méandres Nord. C’est à ce moment-là qu’ils rencontrèrent deux de leurs alliés. Pour dire vrai, ces alliés les avaient trouvé, et s’étaient installés en les attendant. C’est ainsi que Arafin et Sigmin eurent la surprise de voir un rassemblement de plusieurs centaines d’elfes en armes, tous avec l’arc tendu vers eux. Deux elfes s’avancèrent à leur rencontre -les autres baissèrent leur arc- inconnus du capitaine nain, mais Arafin semblait reconnaître un des deux. Celui-ci se présenta : Ellenden de Lorien, puis l’officier de Mirkwood parla :
« Vous êtes donc les alliés donnés par maître Elrond. Heureux de vous rencontrer.
-Je suis moi aussi heureux, Arafin n’est-ce pas ? Et je suppose Sigmin, répondit l’elfe de Lorien.
-Oui, tout à fait, déclara le nain, comment se fait-il que vous connaissiez nos noms ?
-Pour ma part, il connaît plus que mon nom, fit Arafin.
-C’est exact, répondit Ellenden, je connais vos noms car on m’a prévenu de votre participation et en vous voyant j’ai supposez que c’était vous. Et, oui Arafin, nous nous connaissons, nous avons fait la bataille en Harondor, vous vous souvenez ?
-Oui, une défaite… Je ne m’en souviens que trop. Nous avons eu beaucoup de difficultés et avons perdu Munok.
-Oui, une triste perte, lâcha le nain.
-On m’a donné le commandement de l’armée j’espère que ça ne vous dérange pas.
-Non, non c’est bon, nous obéirons à vos ordres, firent les deux gradés. »
Sigmin se doutait qu’il n’aurait pas la tâche de mener les troupes du Bien, mais il aurait préféré voir son ami Arafin être le commandant. Mais après tout, si cet Ellenden menait autant de guerriers, c’est qu’il l’avait mérité, et que diriger autant de soldats n’était pas nouveau pour lui
« J’ai une question : où sont les autres nains ? demanda le deuxième elfe.
-Ils sont encore vers le Nord, ils vont moins vite que les elfes et je n’ai pu emmener avec moi que mes cinq plus fidèles et plus endurants soldats.
-D’accord, continuons notre route, ils nous rejoindront en Harad, déclara Ellenden, ils savent où aller, n’est-ce pas ?
-Oui il n’y a pas de soucis à se faire, fit Sigmin.
-Bien, alors en route ! »
L’armée repartit à nouveau vers le sud, en suivant toujours l’Anduin. La force elfique –et naine- ne s’arrêta pas durant cette première journée de marche, ce fut seulement quand le soleil commença à descendre que les soldats montèrent un bivouac, alors qu’ils étaient arrivés à l’endroit où le Limlaith se jetait dans le Grand Fleuve.
« Nous traversons demain. Ce soir, c’est repos, je crois que nous l’avons tous mérités, déclara Ellenden. »
Sigmin et ses compagnons, encore essoufflés, acquiescèrent, et furent heureux de pouvoir se débarrasser de leur paquetage. Les deux poneys avaient été chargés le plus possible, et un des deux était monté par un nain, lequel changeait toutes les heures, mais les rangers devaient encore porter leurs armes et leur armure, Sigmin ayant lui aussi revêtu cette tenue et avait laissé la monture porter son armure lourde.
Lors de la soirée, les quatre officiers eurent une discussion sur l’itinéraire à prendre, maintenant qu’ils entraient en Rohan. Il était initialement prévu de toujours suivre l’Anduin, puis de passer par Cair Andros, mais ce trajet fut contesté par Arafin, qui conseilla de contourner l’Emyn Muil par l’ouest pour prendre plein sud, traverser les Bouches de l’Entalluve et arriver en Anorien. Le deuxième elfe, qui se prénommait Noldri, n’émit pas d’objection, comme Sigmin, Ellenden finissant par accepter devant les arguments de son camarade de Mirkwood. La conversation tourna vers Munok une fois que le jeune Noldri fut partit se reposer, et le capitaine nain raconta comment il connaissait ce guerrier, actuellement disparu. La dernière fois qu’on l’avait vu, c’était lors de la bataille en Harondor, lui dit Ellenden. Et depuis, aucune nouvelle. Ne souhaitant pas s’étendre sur ce sujet qui l’attristait quelque peu, Sigmin déclara lui aussi vouloir se reposer, et rejoignit l’endroit où ses compagnons s’étaient installés : ils l’attendaient autour d’un bon feu, et après avoir fini leur repas, ils guettaient l’arrivée de leur supérieur pour tirer quelques bouffées de tabac avec lui, ce qu’il fit avec joie, mais il ne tarda pas à ordonner aux autres de se coucher, et lui-même s’allongea sur le sol, sous sa couverture, avant de s’endormir profondément.
Le lendemain, le contingent traversa le Limlaith après avoir trouvé un gué, puis poursuivit son voyage vers le Harad. Ils ne firent aucune rencontre bonne ou mauvaise, et arrivèrent rapidement en vue d’Emyn Muil, malgré la longue distance à parcourir. C’est là que la proposition d’Arafin les fit quitter la protection relative accordée par l’Anduin pour se retrouver à marcher au pied des reliefs escarpés de l’Emyn Muil. Ne souhaitant pas s’éloigner des montagnes, Ellenden mena les troupes à travers un terrain accidenté qu’ils mirent plus d’une journée à traverser. Arrivés au bout de leur peine, les plaines du Rohan s’offraient à eux : l’Est Emnet et son herbe à perte de vue, à l’ouest et au sud. Droit devant, on pouvait apercevoir les branches les plus nordiques des Bouches de l’Entalluve. Une journée de plus à travers les collines et les vallons du Riddermark fut nécessaire pour les atteindre, et là commença un pénible trajet à travers un delta boueux et marécageux aux nombreuses ramifications, ce qui demanda plusieurs longs détours avant de trouver des gués praticables.
Quand la quatrième et dernière voie des Bouches fut franchie, les guerriers se retrouvèrent face à ceux qu’ils redoutaient et attendaient depuis le début : des orques. Fatigués et plus ou moins trempés par leurs pérégrinations à travers le delta, les elfes et les nains ne les avaient pas vu arriver. Toutefois leur nombre était peu élevé, une cinquantaine tout au plus, et les guerriers retrouvèrent le sourire (si si). Ellenden proposa de les éliminer rapidement pour pouvoir continuer, ce à quoi Arafin, Sigmin et Noldri acquiescèrent. On appela donc tous les archers du contingent, ils se placèrent en première ligne, et le commandant elfe ordonna une volée préliminaire, dans l’idée de les décourager de combattre. Les flèches fusèrent de plus d’une centaine de tireurs –nains y compris- et s’abattirent sur les orques. Ceux-ci réagirent d’une mauvaise façon : ils chargèrent. Pas un seul d’entre eux n’arriva près des lignes des guerriers du Bien. Le plus proche était encore à plus de cinquante mètres. Consciencieux, Ellenden ordonna aux archers de récupérer leurs flèches, avant de reprendre la marche.

Plus rien de leur arriva avant leur approche de Minas Tirith, la capitale du Gondor, où ils pensaient se reposer. La mauvaise nouvelle arriva par le biais d’un cavalier avant leur arrivée au Rammas Echor, le mur d’enceinte qui isolait la Cité Blanche, qui était lancé à leur rencontre depuis qu’ils étaient visibles du mur d’enceinte. Ce messager leur apprit que les forces gondoriennes étaient déjà à la citadelle et que se faisant, ils devaient les rejoindre au plus vite. Des provisions leur étant destinés étaient stockées au port de Harlond, là où ils prendraient des transports pour rejoindre Pelargir. Ensuite, ils devraient marcher jusqu’aux gués de Poros, pour finalement entrer en Harondor, le Gondor du Sud, là où les attendaient leur destin. Cela fâcha quelque peu Ellenden et les autres officiers, mais apprendre qu’une partie du trajet serait faite sur des navires les réconforta : ils se reposeraient pendant la descente du fleuve, au lieu de leur arrêt prévu à Minas Tirith.
Le cavalier repartit vers la Cité Blanche une fois son message délivré, et la colonne de guerriers nains et elfes se remit en route –toujours vers le sud- en passant à quelques kilomètres de la magnifique cité gondorienne, tout en restant à l’extérieur de Rammas Echor. Le premier mur d’enceinte était noir, comme la pierre d’Orthanc, la tour de Saruman, mais les autres étaient blancs. Les portes de Minas Tirith étaient célèbres pour n’avoir jamais été forcées, les armées qui avaient assiégé la ville ne les avaient jamais franchis. Les défenseurs composaient une des troupes les plus compétentes de la Terre du Milieu. Ces guerriers portaient tous des armures lourdes, et combattaient à l’arc, la lance et l’épée, mais aligner aussi une cavalerie lourde redoutable, des armes de sièges terriblement efficaces, et comptaient dans leurs rangs les rangers de l’Ithilien commandés par Faramir fils de Denethor, capitaine de Gondor. Les différents fiefs du royaume possédaient leur propre armée, mais elle se battait souvent aux côtés des guerriers de Minas Tirith : les hommes de Lamedon aux longues épées, les guerriers de Lossarnach avec leur arme si particulière, une hache avec une pointe de lance qui leur permettait de frapper de différentes façons. Ils pouvaient aussi compter sur les chevaliers de Dol Amroth, des cavaliers parmi les meilleurs de la Terre du Milieu, mais aussi sur les marins de Linhir ou les gardes de Lebennin, eux aussi de bons soldats, fidèles au Gondor.
Mais Sigmin ne verrait pas toutes ces troupes, puisqu’ils ne s’arrêtaient pas à Minas Tirith. Direction Harlond, juste au sud d’Osgiliath, et ils pourraient enfin se reposer. Enfin les elfes pourraient se reposer, parce que le voyage jusqu’à Pelargir allait se faire en bateau, et l’eau n’était pas l’élément favori des nains. Filin, sensible à ce type de transport, était déjà malade à l’idée de voyager sur un navire, contrairement à Hanus, revigoré à l’idée de remonter sur un voilier. On leur avait dit que malgré leur grand nombre, ils seraient à l’aise sur les embarcations, suffisamment nombreuses pour tous les emporter jusqu’à Pelargir. Le seul danger à craindre, et qui était de taille, était de rencontrer des corsaires. Leurs navires écumaient la baie de Belfalas et remontaient souvent l’Anduin pour attaquer et piller les cités côtières. Même si des soldats comme ceux de Linhir ou de Lebennin étaient devenus des vétérans dans l’art de repousser les pirates, leur nombre était limité et suffisait juste à protéger les villes les plus importantes, comme Pelargir. En attendant, ils approchaient d’Osgiliath, et déjà une troupe de cavaliers venaient à leur rencontre. Arrivés en face d’eux, un des soldats leur dit :
« Que font des centaines d’elfes et six nains sur les terres du Gondor ?
-Nous nous rendons en Harondor, selon la demande de votre Intendant, déclara Ellenden.
-Vous êtes les renforts demandés par Denethor ? questionna le cavalier.
-C’est ça, acquiesça l’elfe. Le commandant Noldri vient avec les troupes de Fondcombe, le sergent-chef Arafin arrive de la Forêt Noire en compagnie du capitaine Sigmin d’Erebor, et moi-même ais quitté la Lothlorien pour venir à vôtre secours.
-Nous aurions très bien pu nous débrouiller seuls, mais les capitaines Boromir et Faramir ont insisté auprès de leur père pour faire venir des renforts.
-Vous pensez pouvoir reconquérir la forteresse, alors que vous ne parvenez pas à garder le contrôle de votre propre ville ? demanda Noldri. »
Cette dernière réplique avait énervé le gondorien qui allait défier l’elfe de Fondcombe, mais bizarrement, c’est Sigmin qui s’interposa :
« Messieurs, enfin, calmez-vous ! Nous sommes des soldats, et nous nous battons du même côté, ce n’est pas le moment de se quereller ! »
Arafin suivait ça en souriant, agréablement surpris de voir un nain intervenir, et peut-être même prendre le parti d’un elfe.
« Je vous conseille une bonne poignée de main, et nous n’en reparlerons plus, continua-t-il.
-Quand vous sortirez un peu plus de vos cavernes, alors peut-être vous écouterais-je, lança le cavalier en repartant vers ses hommes. »
Sigmin avait déjà prit sa hache, mais Ellenden le retint :
« Ce n’est pas le moment d’entrer en conflit avec le Gondor. Rappelez-vous que nous sommes venus nous battre pour eux, mais seulement certains soldats voient ça comme une marque de faiblesse de la part de l’Intendant. Si ce sont Boromir et Faramir, deux capitaines valeureux et réputés, qui ont fait cette demande, c’est qu’il était nécessaire que nous venions. Nous voilà à Osgiliath, ce n’est plus le moment de rebrousser chemin. Alors ne faites plus attention à eux, et continuons jusqu’à Harlond. »
Tous les officiers acquiescèrent, et la troupe reprit sa route. Elle dépassa la Citadelle des Etoiles par l’ouest, pour éviter les combats entre Minas Tirith et Minas Morgul qui duraient depuis plus de mille ans déjà, et qui avaient transformé l’ancienne capitale du Gondor en un tas de ruines. Même le Pont de Pierre, autrefois couvert de tours et de magnifiques maisons, était maintenant détruit. Les soldats du Gondor résistaient vaillamment aux forces du Mordor, mais celles-ci étaient beaucoup trop nombreuses, et contrôlaient déjà les quartiers à l’est de l’Anduin. Les catapultes et autres armes de siège s’échangeaient des pierres qui survolaient le Grand Fleuve et s’écrasaient de l’autre côté, dévastant ce qui restait de la ville encore et encore. Filin dit à son supérieur :
« Des engins comme ceux-ci sont très destructeurs, ils feraient des merveilles dans notre armée.
-Ils sont surtout très encombrants, répondit Hemli. Je préfère nos modèles de balistes, mais j’avoue que quelques unes de ces armes seraient utiles en cas de siège.
-En cas de siège ? Tu veux dire pour attaquer, ou pour défendre ? demanda Sigmin.
-Eh bien, je crois que les tours de Minas Tirith sont coiffées de ces pièces. Si nous devions attaquer, un modèle plus mobile et moins grand serait préférable.
-Je crois aussi, mais je trouve aussi que nos balistes n’ont rien à envier à ces engins de sièges. Elles restent parfaitement capables de briser le crâne d’un troll ou de faucher plusieurs rangs d’orques, répondit le capitaine nain. Les elfes utilisent-ils des armes de siège ? demanda-t-il à Ellenden.
-Très peu, déclara l’officier. La Dernière Alliance comptait quelques catapultes de conception elfique, mais jusqu’à présent, les rares à être encore en état ne nous étaient d’aucune utilité : nous nous contentions de défendre nos territoires avec des armes plus « conventionnelles ». Il semblerait toutefois que la guerre réclame de nouveau des engins tel que les nôtres, et nous saurons les manier si le besoin s’en fait ressentir. »
Le commandant elfe demanda ensuite des informations sur les balistes naines. Sigmin laissa Hemli, qui se fit une joie de lui répondre, car son père Luli était ingénieur et avait conçu plusieurs armes de sièges, et avait participé à la fabrication d’un plus grand nombre encore. Le propre père du capitaine, Sigan, avait travaillé en collaboration avec Luli à l’élaboration de ces armes, en créant les pièces métalliques nécessaires, ainsi que les munitions. Les balistes projetaient la plupart du temps des javelots, à la manière d’une arbalète, mais un nouveau type de projectiles apprécié des nains avait fait son apparition : un boulet métallique, souvent en acier, pas plus gros qu’un crâne nain, et qui tuait les orques avec autant de facilité qu’un javelot classique. Cet attraction pour ces munitions venait du spectacle qu’offrait un groupe de gobelins tués avec ces boulets : quand un javelot était tiré, il transperçait plusieurs ennemis, mais le boulet faisait éclater les corps, démembrait les adversaires…ce qui divertissait les servants d’armes quand ils s’entraînaient à tirer.

Pendant plusieurs minutes, Hemli expliqua tout cela à Ellenden, qui se montra très attentif à ce que lui disait le ranger. Quand le nain eut finit, ils étaient arrivés à destination : Harlond, où ils embarqueraient dans les transports pour Pelargir. Le port de Minas Tirith était construit au pied de Rammas Echor, juste en face de l’Emyn Arnen, les collines d’Ithilien situées près de l’Anduin. Il servait d’étape aux navires remontant des fiefs du Sud, et ses appontements et embarcadères étaient pleins de marchandises et de cargaisons déchargées des bateaux. Les raids fréquents des Pirates d’Umbar avaient toutefois découragé la plupart des marchands et convoyeurs, et les quais n’étaient plus aussi remplis qu’avant le début des attaques. Certains transporteurs s’étaient dotés d’escorteurs, souvent des mercenaires qu’il fallait payer très cher, très rarement des navires de guerre gondoriens, qui dissuadait trop peu souvent les corsaires.
Arrivés devant l’entrée, ils attendirent que les gardes leur ouvrent la porte, et un d’eux les conduisit jusqu’aux embarcadères. Là-bas les attendait Delior, commandant de l’escadre de guerre de Minas Tirith. Malheureusement cette flottille comptait peu de navires : deux frégates, quelques galères, et une dizaine de transporteurs, tous réquisitionnés pour les elfes, sur l’ordre de l’Intendant. Delior les savait pressés, il proposa donc de commencer l’embarquement des troupes tout de suite, ils pourraient discuter une fois désamarrés. Commença alors le lent manège des navires et des soldats : les trois premiers navires de transport étaient déjà à quai, et ce fut les guerriers d’Arafin et d’Ellenden qui y prirent place, ainsi qu’une cinquantaine aux ordres de Noldri.
Les officiers furent conviés sur la frégate de Delior, nommée Harlond Pride, et les cinq rangers nains y vinrent aussi, pour ne pas se retrouver seuls au milieu des elfes. Trois heures plus tard, les cinq cents guerriers elfes étaient à bord des transporteurs, et la flottille se mit en route, les deux frégates à leur tête, Harlond Pride et Waves Trainer, suivies des galères Glory of Gondor, Sea Warrior, Storm Overlapper, Windcheater et Counter-Current, toutes voiles dehors, que le vent du nord venait gonfler. Hanus s’était proposé pour aider l’équipage à la manœuvre, ce que Delior avait accepté avec satisfaction. Il était maintenant sur le pont, et suivait les ordres du contremaître.
Ainsi voguèrent les navires gondoriens pendant quelques heures, mais alors que la nuit était tombée, des feux se firent voir sur le fleuve, à quelques distances de la flotte.
« Capitaine, avons-nous des navires en provenance du Sud en ce moment ? »
Le lieutenant de vaisseau, qu’on appelle « capitaine » (les grades dans la marines ont toujours été un problème) se rapprocha du capitaine de frégate, qu’on appelait « commandant » :
« Pas que je sache mon commandant.
-La capitainerie ne nous rien dit ?
-Pas que je sache mon commandant.
-Et vous n’avez rien sur votre carnet ?
-Pas que je sache mon commandant.
-Et vous savez dire autre chose capitaine ?
-Pas que je sache…. »
Delior, passablement énervé, s’apprêtait à le frapper, mais quelque chose en provenance des feux inconnus avait retenu l’attention d’Arafin:
« Capitaine ? Jusqu’à présent, les navires gondoriens ne brûlent pas des corps attachés sur la proue ? »
Le lieutenant allait répondre, mais le commandant de flotte l’interrompit :
« Attention à ce que vous allez répondre capitaine…. »
Le prévenu reprit :
« Non maître elfe. Mais comment avez-vous pu voir cela ?
-C’est un elfe, voyons, répondit Sigmin.
-Cela semble clair maintenant : les navires en approche n’ont rien de gondorien, au contraire.
-Des corsaires sûrement. Combien en voyez vous, maître elfe ? demanda Delior.
-Trois de tailles semblables à vos galères, et un plus gros, sûrement une frégate.
-Nous avons au moins l’avantage du nombre. Capitaine, prévenez les autres navires : ennemis identifiés : trois galères, une frégate. Qu’ils soient prêts à tirer. »
Le lieutenant acquiesça et rejoignit le préposé aux communications : il lui fit passer le messager, et celui-ci utilisa sa lanterne pour faire passer l’information aux autres navires. Quelques secondes plus tard, il recevait les réponses : tous armaient leurs balistes et se préparaient au combat.
« Capitaine, instructions de combat : le Waves et le Harlond engageront la frégate, par bâbord et tribord. Cependant le Waves reste en retrait jusqu’à l’abordage du navire ennemi. A son tour, abordage une fois à portée. Kusak et Derin s’occuperont de la galère à tribord. Riker, Ardo et Cynnor attaqueront celles de bâbord. Priorité aux tirs, pour une fois que nous avons l’avantage du nombre, il faut en profiter ! »
A nouveau le lieutenant transmit les ordres aux autres navires grâce à la lanterne. Les réponses fusèrent rapidement, et les galères passèrent devant le Harlond Pride et le Waves Trainer. Les deux frégates se rapprochèrent l’une de l’autre et avancèrent droit sur le vaisseau ennemi. Déjà les traits de balistes partaient des navires gondoriens et retombaient sur la coque ou dans les voiles des corsaires. La riposte ne tarda pas, et les navires d’Umbar à leur tour envoyèrent leurs projectiles. La plupart n’étaient pas enflammés, contrairement à ceux de la flotte de Delior. Alors que les deux frégates approchaient de leur cible, ils purent l’identifier :
« Notre adversaire est le Shadows Hunter ! cria la vigie, du haut du mât principal. »
Le Shadows Hunter, commandé par le chef corsaire Cilas, avait une sinistre réputation : les capitaines des navires qu’il coulait se retrouvaient enchaînés à l’avant du bateau et servaient de figure de proue. Au combat suivant, le prisonnier était brûlé, qu’il soit vivant ou déjà mort. Maintenant le navire était à cinquante mètres d’eux et ils pouvaient distinguer le corps en flammes à la proue.
« Nous allons venger tous les capitaines qui se sont retrouvés à cette place. Cilas a fait une grosse erreur en prenant une escorte aussi peu nombreuse, déclara le commandant. »
Il demanda aux guerriers qui l’accompagnaient :
« J’aurais voulu vous demander de vous mettre à l’abri, mais notre cible est trop importante : aidez-nous à combattre le Shadows Hunter.
-Avec joie commandant, répondirent tous les officiers. »
Tous sortirent leur arc et allèrent à la proue. La meilleure vue des elfes leur permit de tirer quelques traits dans le noir, et les nains se contentèrent se bander leur arc et de viser le pont ennemi en attendant de voir une cible. Les hommes d’armes se massèrent à tribord, alors que les marins amenaient des grappins et des gaffes pour se fixer au navire ennemi. Celui-ci était maintenant aligné face à eux, et les soldats se baissèrent pour éviter les flèches. Quelques uns ne furent pas assez rapide et s’étalèrent par terre ou passèrent par-dessus le bastingage. Les grappins volèrent des deux côtés, et s’accrochèrent. Les marins tentèrent de décrocher ceux des ennemis, mais ils tirèrent aussitôt dessus pour tendre la corde et les faire s’enfoncer dans le bois. Les deux navires n’étaient séparés que par quelques mètres, et c’était suffisant pour l’abordage : des corsaires s’élancèrent avec des cordes pour atterrir sur le pont du Harlond Pride, mais les rangers nains les attendaient. Les premiers moururent avant d’avoir fait un pas. Alors que des planches étaient jetées sur le bastingage ennemi, les soldats de Delior se lancèrent à l’assaut. Ils portaient des armures légères, un petit bouclier rond et une épée courte, idéale pour ce type de combats. La trentaine d’hommes qui arriva jusqu’au navire ennemi se retrouva face aux pirates, mal équipés mais dangereux.
Sur le Harlond, Delior, qui avait dégainé son épée, donnait ses ordres :
« Accrochez d’autres grappins, tirez sur les cordes et jetez l’ancre ! Il faut l’immobiliser ! »
Ce à quoi les marins s’exécutèrent, et le Shadows Hunter se retrouva à son tour prisonnier du navire gondorien. Puis le commandant donna d’autres instructions au lanternier :
« Que le Waves se rapproche, tirs sur les voiles et la coque, pas sur le pont. Une fois abordé, qu’il jette l’ancre et lance le plus de grappins. Cilas n’avait pas prévu ça ! »
Emporté par son énergie débordante, Delior se saisit d’une torche et l’envoya sur le foc du vaisseau ennemi. Celle-ci commença à brûler, ce qui rajouta à la confusion qui régnait sur le navire. Les tirs de balistes avaient causé de terribles dégâts, notamment dans les voiles, mais les corsaires ne se laissaient pas faire : une vingtaine d’entre eux était sur le pont du Harlond et combattaient Sigmin et ses rangers, qui avaient sorti leur hache, accompagnés de quelques soldats gondoriens. Le capitaine nain avait récupéré sa hache à deux mains, et avait déjà occis trois corsaires. Ceux-ci avaient été surpris de le voir, lui et ses guerriers, sur le pont d’un navire gondorien, et leur stupeur les avait conduit tout droit dans la mort.
Alors que les combats éclataient sur les deux navires, le Waves Trainer se rapprochait, tirant avec des projectiles enflammés sur les voiles et la coque du Shadows Hunter. Les marins étaient prêts à jeter les grappins et l’ancre, dix mètres les séparaient encore de la position idéale. Les crochets furent lancés, les gaffes s’agrippèrent au bastingage ennemi, et les soldats du Waves s’élancèrent à leur tour à l’abordage du vaisseau ennemi, après avoir lâché une volée de flèches qui élimina les quelques corsaires qui s’étaient précipité à bâbord quand la deuxième frégate s’était approchée. Les vingt-cinq gondoriens se précipitèrent sur le pont pour assaillir les pirates par derrière, et conjointement avec les guerriers du Harlond Pride, ils mirent en fuite les survivants de l’assaut, qui se réfugièrent à la poupe et à la proue. Certains étaient descendus dans la cale, mais les soldats de Delior allaient s’en occuper plus tard. Le sergent Pirel du Waves mena ses hommes jusqu’à la proue, alors que le sergent Sico conduisit ceux du Harlond contre les corsaires coincés à la poupe. En quelques minutes les derniers pirates furent éliminés, et il ne restait plus que Cilas et ses lieutenants qui se battaient près de la barre. Delior vit cela, et descendit sur le pont puis emprunta une passerelle pour monter à bord du Shadows Hunter. Le commandant rejoignit Sico et se présenta face au capitaine adverse :
« Une chance encore de te rendre, Cilas ! Ton navire va couler, tes hommes sont morts, tout est terminé !
-Plutôt mourir ! répondit le corsaire. »
Et sur ce, il se jeta sur Delior. Trois épées le transpercèrent avant qu’il n’atteigne le gondorien. Celui-ci ne fut pas déçu, et donna aussitôt l’ordre de retourner sur les frégates. Les corsaires qui s’étaient cachés dans la cale eurent la mauvaise surprise de voir les accès au pont fermés et verrouillés, alors que les deux navires de guerre continuaient à transpercer la coque, et que le vaisseau pirate commençait à couler.
Sigmin et les autres officiers avaient quant à eux, repoussé les ennemis qui s’étaient lancés à l’assaut du Harlond à grands coups de haches et de lames elfiques. Il n’y avait aucune perte ou blessé à signaler chez eux, et cela les soulagea tous.
La bataille navale entre les différentes galères se déroulait tout aussi bien pour les gondoriens que contre le Shadows Hunter : le Glory of Gondor et le Sea Warrior s’étaient rapidement débarrassés de leur adversaire et avaient manœuvré pour prendre les deux dernières galères à revers, qui furent donc pris dans le feu croisé de cinq navires, et elles finirent embrasées dans une dernière tentative d’éperonnage. Les transporteurs étaient restés derrière les vaisseaux de guerre gondoriens et n’avaient subi aucun dommage, et ils s’élancèrent à nouveau sur l’Anduin quand on leur fit signe que la voie était dégagée. Rapidement, les frégates se remirent en route vers le Sud, après avoir défait les grappins et les gaffes et comptaient les pertes (une dizaine tout au plus), suivis des galères, toutes indemnes.

Le voyage reprit de plus belle, et Pelargir fut en vue le lendemain, alors que Sigmin et les rangers reprenaient difficilement des forces. Filin était une fois de plus penché par-dessus le bastingage, très occupé à converser avec le fleuve. Ils abordèrent sur la rive est, en face de la cité portuaire, et tous les guerriers débarquèrent. Cela dura près d’une heure, pendant laquelle les officiers remercièrent Delior pour le voyage quelque peu mouvementé. Une heure de repos fut accordée aux soldats, notamment à Filin qui en avait bien besoin, puis tous se remirent en marche. Les gués de Poros étaient leur dernière étape avant d’entrer en Harondor, et ils les atteignirent le lendemain.
Là-bas ils s’arrêtèrent devant les tombes de deux héros rohirrims : Folcred et Fastred, fils jumeaux du roi Folcwine de Rohan, inhumés dans un tertre près des gués, après la bataille qui eut lieu à cet endroit contre les Orientaux, et qui vit la débâcle de l’armée du Rhûn. C’est ce que Sigmin apprit de la bouche d’Ellenden, car il connaissait beaucoup de choses sur les Orientaux, mais nettement moins sur le Gondor, et ce n’était pas ce voyage qui lui en avait appris plus, sauf que les gondoriens étaient courageux, très bons soldats et marins, et que leur combat contre le Mordor préservait toute la Terre du Milieu des ténèbres.
Alors que l’armée traversait les gués de Poros, le capitaine nain repéra des silhouettes qui approchaient par le sud, sur la route. Il en fit part à Ellenden, qui dépêcha une troupe d’archers pour s’interposer. Sigmin lui-même prit son arc, moins intrépide sur ce terrain. Déjà il avait soif, et savait que cela ne faisait que commencer.
Les silhouettes à l’allure humaine se rapprochèrent, et les elfes purent distinguer des hommes habillés de marron et entourés d’une grande cape, la tête recouverte d’un capuchon. Arafin reconnut la tenue caractéristique des rangers de l’Ithilien, pourtant très peu adaptée au terrain désertique qui s’offrait à eux. Les archers elfes baissèrent donc leur arc, Ellenden s’apprêtant à parler, mais ce furent les soldats gondoriens qui les accueillirent :
« Bienvenue en Harondor, elfes ! Ce magnifique pays vous offre des cailloux, du sable, et des cailloux. Mais vous attendent aussi de magnifiques combats contre les Haradrim du Sud, ou les renégats de la Citadelle.
-Ainsi vous connaissez la Citadelle ? demanda l’officier elfe.
-A vrai dire, nous somme là pour ça. Cela fait maintenant cinq jours que nous vous attendions. Phoenixios nous a chargé de vous guider jusqu’à la Citadelle, il est déjà là-bas. Il sera heureux de voir autant d’elfes se porter à son secours ! déclara un des gondoriens.
-Et des nains ! lança Sigmin, qui sortit des rangs des elfes pour se présenter aux rangers. Des nains messieurs du Gondor. Nous ne sommes peut-être que six à se présenter devant vous, mais en ce moment même un détachement fort de cent guerriers de ma race marche pour nous rejoindre, et ne tardera pas à arriver jusqu’ici.
-Phoenixios sera content de vous revoir, maître Sigmin, lui répondit le premier ranger.
-Vous connaissez mon nom ? demanda l’intéressé.
-Le capitaine nous a beaucoup parlé de vous. Il nous a dit que si nous rencontrions un nain tout d’or vêtu, ce serait le sergent Sigmin d’Erebor.
-Et bien ça sera capitaine Sigmin, maintenant. J’irais lui dire moi-même. Lui aussi a prit du galon si j’en crois mes oreilles.
-Effectivement, tout comme vous il est capitaine et mène quatre-vingt-dix d’entre nous dans les combats les plus dangereux qu’il peut y avoir.
-Les humains exagèrent toujours un petit peu, glissa Arafin à l’oreille de Sigmin, qui esquissa un sourire.
-Il est temps de repartir, rangers ! déclara Ellenden. Guidez-nous jusqu’à la forteresse ennemie, que nous puissions rencontrer nos alliés et jauger nos ennemis. »
Sur ce, les elfes se rassemblèrent et se remirent en marche, conduits par les soldats gondoriens. Plusieurs jours furent nécessaires, avec des détours par des oasis et des points d’eau, où purent se rafraichir tous les guerriers.
« Il y a un ruisseau près de la Citadelle. Nous ne manquerons pas d’eau là-bas, les rassura un des rangers. »
Alors que les troupes se rapprochaient de la forteresse, le ciel s’assombrissait, et les nuages grossissaient, comme ci le centre de l’orage était au-dessus de la place forte. Cela semblait inquiéter les hommes, et même Arafin se prit à trembler, alors que Sigmin lui-même n’était pas très rassuré. Les cieux étaient maintenant noirs au-dessus de leur tête, et l’orage commençait à gronder. On pouvait maintenant distinguer les détails du terrain : une ceinture de montagnes, seulement percée d’une étroite faille qui conduit à une plaine intérieure. Adossée au massif sud, se dresse, froide et solitaire, la Citadelle Noire du Seigneur Alkin, maître de l’Ordre des Chevaliers Noirs, renégat au Rohan, ennemi de Sauron et du Gondor, il a toutefois réussi à rassembler autour des lui des déserteurs, des brigands et des exilés, pour en faire une force militaire terriblement efficace et organisée, menée au combat par des chefs stratèges talentueux, totalement inféodés à Alkin. Le frère de celui-ci l’a rejoint il y a quelques temps et a prit ses fonctions dans l’Ordre, devenant le second commandant de la forteresse. Jusqu’ici les traîtres ont su rester en dehors des desseins de Sauron, mais les Haradrim, totalement soumis, lui ont rapporté ces nouvelles, et maintenant le Seigneur des Ténèbres a envoyé ses armées pour reprendre la Citadelle, ignorant lui-même que les Peuples de l’Ouest ont eux aussi comme objectif de reconquérir leur ancienne place forte : du Gondor jusqu’à Fondcombe, en passant par Mirkwood et Erebor, des contingents de guerriers sont partis pour le Harondor, où s’élève la forteresse.
Et Sigmin, Ellenden et Arafin font partie de ces troupes chargées d’assiéger la Citadelle, et sont résolument prêts à mener au combat les centaines de guerriers qu’ils conduisent déjà jusqu’au campement de Phoenixios.

ça peut paraître lourd et chargé à certains, mais normalement ya des alinéas à chaque nouveau paragraphe, seulement la mise en page disparait avec le copier-coller, et il est impossible de remettre les alinéas

j'aime bien moi, ta fini la ou il te reste un peu de texte a posté?

pour l'instant j'ai fini, parce que le reste n'aura plus grand lien avec la GB, à part les réunions stratégiques avec les autres officiers
je vais sûrement faire une mission à côté de la GB, style reconnaissance pour l'armée, un ptit tour dans les montagnes...

Je demande une mission !
Comme écrit un peu plus haut, je suis près de la Citadelle Noire (je m'y rends en fait), avec mes 5 rangers (Filin, Hemli, Narin, Feran et Hanus), et ça serait une mission de reconnaissance dans les montagnes.
En fait il reste à peu près que les ennemis à déterminer. De préférence des créatures sauvages, les chevaliers de la Citadelle sont un peu occupés.

Merci d'avance !

Ellenden t'envoie chercher un autre endroit pour attaquer la forteresse noire. Tu vas devoir parcourir un grand nombre de kilomètres pour trouver une faille mais attention celle-ci est infesté de créatures aussi infectes qu'impitoyable.

Ennemis: des araignés, des wargs en nombre indéfinis.

Alliés: oti et tes nains

Merci Ar-Pharazôn !

Effectivement il n'y avait pas beaucoup de choix pour la mission...merci quand même !

J'ai peut-être une idée, d'amélioration de la mission de Ar..

"Ellenden t'envoie chercher un autre endroit pour attaquer la forteresse noire et prendre les chevaliers à revers. Ta mission sera de suivre les montagnes afin de trouver une faille dans la chaine de montagne. Après de nombreux kilomètres, tu trouves quelque chose qui y ressemble mais elle est infesté de wargs et d'araignées (ainsi que quelques gobelins). Tu arrives pour finir à un cul de sac.
Tu continues ta progression et tombe sur une tour en ruine, où des orcs survivants montent la garde. Tu crois apercevoir un chemin et décide de forcer le passage."

FACULTATIF:
"Tu découvres au fond du tunnel, une grote qui mène à la "plaine désolée" (plaine en face de la citadelle, qui a recu son nom en raison du peu de trucs qui arrivent à pousser). Tu descend mais tu devras d'abord te frotter à deux ou trois ennemis de la citadelle, qui viennent de découvrir le chemin qui mène à l'extérieur..."

Ennemi dans la première grotte : wargs, araignées come à dit Ar.
Ennemi ruine : un petite dizaine d'orc avec un archer ou deux.

FACULTATIF
Ennemi 2eme grotte : 5 chevaliers de la forteresse dont un chef elite.

Bon tu peux garder l'orgiginale mais pour varier les combats et les ennemis...

ouais merci, dsl ar', mais je vais prendre celle-là !

Ben c'est la même chose sauf que j'ai rajouté des orcs et des hommes en gros... Puis sa te laisse de la marge pour le temps que dur ela bataille etc... Et tu arrives pas dans la forteresse mais là où il faut alors...

Là où il faut ? Tu peux être plus explicite s'il te plait ? On est sensé partir par là après ?

j'avais une question à propos de ma mission: la partie facultative, c'est si la grotte infestée de créatures sauvages ne se termine pas en cul-de-sac, et qu'elle mène à la plaine désolée ? Ou c'est un 2e chemin près de la tour en ruine ?

Ben tu arrives à la premiere grotte qui est un cul de sac, puis tu continue ta marche et tu arrive à la tour en ruine et là tu va vers la citadelle

Ok merci gauthier.
Content de voir que t'es toujours là.
Ulfang doit être devant la télé ce soir, il passe The Blues Brothers.

Mythique cette poursuite en voiture....