Après un temps d'écriture assez long (le bac et tout ça ...), voici la première partie de la suite des aventures de Marsh Mallow. Je n'ai pas encore fais la deuxième partie, mais j'ai déjà les idées ! J'arrète de vous faire languir...
- Nous ne pouvons pas aller à Casablancar, cela nous prendrait trop de temps et nous ferait sans doute perdre beaucoup d’hommes !
- Et que proposes-tu d’autre ?
- Moi, je sais, je connais un endroit où sont cachés plusieurs rebelles, ennemis du maire !
- C’est loin ?
- Assez, c’est dans une grotte près de la côte, à quelques jours d’ici.
- Très bien, mais qu’allons nous faire après ?
- On pourrait attaquer directement la prison, c’est le premier samedi du mois, ils doivent tous être au marché !
- Ca c’est un bon plan ! La baston, il n’y a que ça de vrai !
Le nain leva le poing en signe de victoire, les habits toujours maculés de sang. Marsh donna donc ses ordres, et le bateau partit vers la grotte des rebelles.
***
- Je croyais que ce n’était pas très loin !
Le navire voguait déjà depuis trois jours, et les provisions s’amenuisaient. Le capitaine avait dû instaurer un quota de nourriture par personne, mais celui-ci était presque épuisé. Les membres de l’équipage erraient sur le bateau, affamés et assoiffés. Soudain, l’un des hommes accourut vers Marsh, l’air épouvanté.
- Capitaine ! Capitaine ! Venez vite !
- Eh bien ! Qu’y-a-t-il, garçon ?
- Il faut le voir pour le croire !
L’équipage s’avança à la proue, regardant le point indiqué par le matelot. Là, sur un rocher au milieu de l’océan, un petit crabe rouge chantait.
« Le roseau est toujours plus vert dans le marais d’à côté, ... »
Marsh prit sa tête dans ses mains.
- Compagnons, nous sommes soumis à une hallucination due à la fatigue et au manque de nourriture. N’y prêtez pas attention, nous arrivons bientôt...
- Capitaine ! C’est ici, je reconnais ! La grotte est derrière ce pan d’algues !
- Vous voyez, il faut être optimiste !
Il s’avança complètement à l’avant du navire, et cria :
- Qui que vous soyez à l’intérieur de cette grotte, faites nous entrer !
- C’n’est pas la peine d’hurler, ils sont là-haut.
- C’est amusant que ce soit toi qui me dises de ne pas hurler, « Hurlement du nain » !
- Très drôle !
Au-dessus d’eux étaient en effet postés deux archers maigrelets.
- Qui êtes vous ? Que venez-vous faire ici ?
- Nous sommes des ennemis d’un bureaucrate éléphantesque, et vous ?
Pour toute réponse, le pan d’algues s’ouvrit. Le navire entra dans la grotte, suffisamment grande pour l’accueillir. Les corsaires descendirent, et furent accueillis par un homme au faciès inquiétant. Un bandeau lui ceignait les cheveux, et un énorme anneau pendait à son oreille, source d’une cicatrice lui traversant le visage. Il était entouré par une quarantaine d’hommes, d’allure misérable, mais guerrière. Il s’avança en boitant :
- Les ennemis de mes ennemis sont mes ennemis.
- Pardon ?
- Désolé, le pessimisme, tout ça... Vous êtes donc des adversaires du maire de la ville de Carcasar. Bien, très bien... Je suppose que vous allez nous demander de vous accueillir, de vous nourrir, puis vous partirez comme la plupart des voleurs de votre genre...
- Mais pas du to...
- Allez, allez, je ne suis pas tout jeune, et j’ai une expérience des truands assez...
Khazadrine le saisit par le col, sortant ses griffes. Les hommes dégainèrent leurs armes, l’air menaçant.
- Maintenant écoute moi bien, tafiole. Nous avons besoin de toi et tes hommes pour délivrer nos amis de la prison de Carcasar, et nous vous offrons la possibilité de vous venger de manière exemplaire du proboscidien.
- Du quoi ?
- Du gros lard, imbécile !
L’homme se dégagea, et prit la parole de sa voix grave :
- On m’appelle Garnac.
- Moi, on m’appelle Pioche !
- Quoi ?
- Eh ben, y’a pelle, pioche... Bon, laisse tomber !
- Je suis le capitaine Marsh Mallow, et voici mon équipage. Nous avons besoin de vous pour secourir nos amis, et éliminer le maire, par la même occasion.
- Très bien, mais je vous préviens, je n’ai pas l’habitude d’être dirigé, et mes hommes n’accepteront qu’un seul chef, moi.
- Vous aimeriez vous en convaincre !
- Pardon ?
- Je disais : vous allez enfin le vaincre, le maire, hum ?
- Ah, je pensais avoir compris autre chose. Et sinon, vous aimeriez quelque chose d’autre ?
- Ouais, quand est-ce qu’on mange ?
Tous les regards convergèrent vers le nain, qui se mit à rougir fortement sous sa barbe.
***
Les marins restèrent une journée dans la grotte, faisant connaissance avec leurs futurs compagnons d’armes. Marsh apprit que Garnac était en réalité un oriental expert à l’arc et au combat à l’arme blanche. Il dirigeait un certain nombre d’hommes, avant d’être capturé et vendu comme esclave du maire de Carcasar. L’humiliation avait été si grande qu’il s’enfuit, et dirigea l’armée des rebelles. Celle-ci était maintenant en grand préparatif, chargeant la nourriture et les armes à bord du bâtiment. Ils partirent à l’aube, en direction de la ville. Le voyage fut chargé d’une lourde atmosphère, les deux capitaines rivalisant d’autorité vis-à-vis de leurs hommes.
Finalement, la ville apparut, au bout d’un voyage de trois jours. La prison était à une centaine de mètres, et le conseil du navire se réunit. Y étaient présents Marsh, Khazadrine, Aboubou, Stormwen, ainsi que Garnac et son second, un homme taciturne aux cheveux gras. Ils étaient en train de décider d’un plan d’action concernant l’attaque de la prison, lorsqu’un cor sonna. Ils sortirent tous de la cale en courant, et purent apercevoir deux vaisseaux sortir du port. A leurs bords, de nombreux hommes étaient préparés pour partir au combat, les armes levées en signe de victoire.
« Les ennuis commencent », souffla Marsh.
Le nain se frotta les mains :
- Chic, chic, chic ! Du gibier !
- Tout le monde sur le pont ! Branle pas l’compas !
- Pardon ?
- Branle-bas-le combat ! Aux balistes ! Arbalétriers, en position !
Les corsaires et rebelles s’affairaient. Ils allaient devoir affronter leurs adversaires sur les deux fronts du navire, selon une méthode d’encerclement. Chaque lieutenant préparait ses troupes. Marsh et Aboubou se réservaient les arbalétriers, Khazadrine ses corsaires porteurs de petits boucliers ronds. Garnac dirigeait ses gaffiers rebelles, tandis que Stormwen et ses ravageurs aiguisaient leurs lames en silence, sous le ponton. Les deux bâtiments ennemis s’approchaient à vive allure, s’éloignant du port.
- Je ne sais pas qui est leur tacticien, mais c’est surement un elfe ! Ils seraient bien plus forts près de leurs troupes terrestres !
- Moi, j’aimerais savoir qui les a prévenus de notre arrivée...
- Une intuition peut-être...
- J’en doute...
Le capitaine posa un regard sombre sur Garnac, qui était lui-même fort occupé à lancer des coups d’œil furtifs sur Stormwen. Ce prétendu chef allait devoir être remis à sa place, mais Marsh avait des choses plus importantes en vue pour le moment. En effet, les navires s’étaient arrêtés, à bonne distance des fugitifs. Plusieurs points enflammés apparurent alors dans le ciel, tandis qu’une nuée de flèches assombrissaient ce dernier.
- Des archers ! Tous à couvert !
- Alors, ce tacticien elfe ?
- N’empêche qu’il est trop près, et je m’en vais lui montrer rapidement !
Le nain se précipita au gouvernail, écartant violemment un malheureux au passage, qui s’écroula assommé par le coup.
- Bah...Qu’est-ce qu’il a ?
- Il n’aime pas avoir tort !
- Gonflez les voiles, bandes de charognasses, ou je vous les fais bouffer !
- Mais il y en a une en feu !
- Et ta sœur, elle est en feu ? Gonfle-la, où c’est la brasse-coulée pour tout le monde !
- Tu sais ce qu’elle te dit, ma sœur ?
- Quoi ?
- J’ai dit : « Tu risques d’arriver à l’heure » !
Le vent soufflait, les nuées de projectiles s’abattaient toujours sur le navire. Mais le nain gagnait du terrain, chose étrange pour un individu avec d’aussi petites jambes, m’enfin, passons... Les navires ennemis allaient bientôt être à bonne distance des tirs d’arbalètes, et Marsh rechargea la sienne. Une dizaine de ses hommes étaient déjà morts, transpercés de part en part par les flèches acérées. L’ordre qu’il hurla se perdit dans les rafales, mais les hommes, mus par le même instinct meurtrier, le comprirent et tirèrent. Les balistes défoncèrent le bastingage du plus proche navire, apportant mort et désolation, tandis que les carreaux se plantaient dans les corps flasques des gardes-côtes. Le mât central se brisa, emporté par trois tirs de balistes, écrasant deux hommes dans une marée de sang. Le navire commença à grincer, les hommes hurlant leur peur d’une manière inhumaine, mais le second était maintenant presque à portée d’abordage. Il n’était occupé que par une vingtaine d’hommes, proies faciles pour les pirates. Khazadrine lâcha la barre, et sortit ses griffes d’un air menaçant. Stormwen et ses ravageurs étaient eux aussi fin prêts, et Marsh décida donc de n’envoyer que ces vétérans à l’assaut, épargnant les autres pour l’attaque de la prison. La jeune femme acquiesça d’un signe de tête, et s’élança vers les occupants terrifiés, suivie par ses ravageurs qui hurlaient leur soif d’en découdre. Le nain ne s’embarrassa pas d’un grappin, prit son élan, et, d’un saut prodigieux pour sa race, atterrit sur les épaules d’un archer effaré. Un éclat argenté, et la tête du malheureux roula à terre, dans un flot de sang.
La fureur des corsaires contrastait avec la peur panique des gardes-côtes. Les ravageurs arrachaient les membres de leurs adversaires, faisant voler les bras, les jambes et les organes des malheureux. Le sang coulait à flot, les hommes se roulaient à terre en regardant leurs entrailles dégouliner. Le capitaine ennemi sortit de sa cabine, l’air agacé.
- Qui sont ces gens ici présents ?
- Ceux que tu as attaqués, tafiole !
- Ah, oui, j’oubliais, ceux que le maire nous a ordonné d’arrêter, n’est-ce pas ?
- Sans doute, froussard. Maintenant, bas toi !
Stormwen venait de sortir son sabre, et le dirigeait sur l’ennemi. Elle avait une éraflure sur la joue, et du sang s’écoulait par petites gouttes de la blessure. Le capitaine la regarda en riant. « Une femme ! », pensa-t-il. Il dégaina à son tour, et les deux combattants commencèrent à se tourner autour. Soudain, il passa à l’attaque. Les lames s’entrechoquèrent, sifflèrent, fendant l’air à une vitesse hallucinante. Feinte, parade, botte, riposte, parade... et le premier sang gicla, la main gauche du scélérat volant dans les airs. Un hurlement, un gémissement plaintif, et la lame de Stormwen vint se ficher sur le cou de l’homme. Celui-ci, dans un dernier élan, se projeta en avant, et mourut sur le coup, le sabre dans la jugulaire.
- Drôle de suicide...pour une tafiole...
- Ce n’est pas drôle ! Mes hommes, nous prenons le commandement de ce navire !
- Ayah ! Ayah !
Stormwen regarda en arrière, et adressa un sourire à Garnac, qui lui rendit son sourire. Khazadrine vit le visage de Marsh s’ombrager.
***
- Bon, maintenant que ces deux navires ont été mis hors de combat, occupons-nous de la prison, et de délivrer nos amis.
- Désolé capitaine, mais nous avons un problème.
- Quel problème, Aboubou ?
- Celui-ci !
Un coup dans le dos fit tomber Marsh à terre. Deux hommes lui saisirent les bras, et les autres pointèrent leurs armes vers lui. Aboubou dirigea son visage face à celui du corsaire, son unique œil fixé sur lui. Son haleine putride dégoutait Marsh, mais celui-ci soutint son regard.
- A quoi joues-tu, imbécile ?
- Je m’approprie le commandement de ta flotte, et de tes hommes. Nous allons tranquillement faire voile vers le port, et te livrer à une personne qui sera sans doute ravie de te revoir, si tu vois de qui je veux parler.
- Scélérat ! Je suppose que tu nous as mené dans la grotte de tes amis en espérant recevoir leur aide pour tes plans pathétiques », fit Marsh en voyant Garnac approcher, le sourire aux lèvres.
Aboubou eut un rire dément, rejetant sa tignasse grisonnante en arrière.
- Ne t’inquiètes pas, ce sera sans douleur !
- Vous aimeriez vous en convaincre !
- Plaît-il ?
Le corsaire effectua une pirouette arrière, se délivrant de la saisie de ses geôliers. Il prit son élan et voulut sauter sur le navire de ses amis, mais la mer les avaient séparés, et Marsh tomba à l’eau. Les ravageurs se précipitèrent pour l’aider, mais les carreaux des arbalétriers d’Aboubou les en empêchèrent, et un filet fut lancé pour repêcher le capitaine. Celui-ci suffoquait, empêtré dans les maillons serrés. Le nain hurla en direction d’Aboubou :
- Hé ! Qu’est-ce qui se passe ici ?
- Je te conseille de rester à ta place, nabot, si tu ne veux pas voir ton ami mourir sur le champ !
- Quoi ? Tu as bien dit « nabot » ?
- Du calme, Khazadrine. Aboubou, pourquoi nous trahir ?
- Oh, ne t’en fais pas, Stormwen, je suis certain que Garnac sera ravi de ta soumission... !
- Jamais !
- Amenez votre bateau jusqu’au port, sinon, il meurt !
Les deux bâtiments se dirigèrent vers le port, presque côte à côte.
***
Dans la prison, Zhurc se lamentait sur son sort. Cela faisait presque une semaine qu’il était enchaîné, les poignets liés derrière le dos. Personne n’allait donc le chercher ? Flac lançait des petits cris apeurés chaque fois que la porte s’ouvrait. Lui aussi était attaché, par le cou, au mur. Soudain, une dalle de sa cellule bougea. Elle s’ouvrit, sous le regard ahuri du corsaire, et une main en sorti.
- Alors, Homerell, on est dehors ?
- Je sais pas, Moe, il fait soif ici !
- Grimpe, imbécile !
- Mais, Moe, Jart ne suis pas, on devrait...
- Tais-toi, Willy Am’, c’est moi le chef ici ! Et toi, escalade !
Zhurc vit une tête jaillir de la trappe. Un homme sortit, habillé en bagnard, à l’allure bedonnante et moustachue.
- C’est bon Moe, on est dehors, il y a du monde ici !
- Quoi ?
Le dénommé Moe évacua le tunnel et regarda Homerell en hurlant. De toute évidence, ces prisonniers tentaient de s’évader. Zhurc saisit sa chance.
- Dites, ça vous dirait de nous détacher, moi et le singe ? On pourrait vous aider !
Les deux hommes se calmèrent, tandis que deux autres têtes émergeaient.
- C’est pas faux !
- C’est donc vrai !
- La ferme ! On te détache, mais si tu promets de nous aider !
Zhurc émit un signe de tête. Le plus petit sortit une lime et commença à le détacher. Le pirate arracha alors la chaine du cou de Flac, et s’étira. Il se dirigea ensuite vers la porte, prit son élan, puis donna deux coups d’épaule dedans. La porte s’ouvrit avec fracas, devant le garde abasourdi face à cette invasion massive. Flac lui sauta à la gorge, tranchant la jugulaire de ses petites dents. Zhurc sourit. L’invasion de la prison commençait !